Posté le 06.11.2006 12:15
Bains de Souvenirs
Mère resplendissait dans le ciel pourpre.
Attendrie par la myriade d’étoiles présentes ce soir elle en vient à oublier ces derniers jours passés à courir incessamment d’un bout à l’autre de cette terre maudite. Lasse, courbaturée elle s’étire une énième fois, ces longs doigts fuselés passent le long de sa cuisse douloureuse, là, elle reprend conscience de son état : couverte de sable, la peau tirée par la sueur sèche depuis hier ou ce matin et tout ce sang, ici le sien, là celui d’autres.
Une grimace d’écoeurement ; elle a beau être issue d’une famille de roturiers elle n’en perd pas les goûts et qualités de sa race, ni même son horreur pour la crasse.
Ses yeux quittent la voûte étoilée pour se poser sur le jeune homme ; il n’a que 14 ans mais comprend très vite. Précipitamment il s’incline et ouvre la toile du chapiteau. Une faible lueur règne dans le refuge. Un frisson parcourt la peau cendrée de la belle ; cette dernière se décide à entrer, gardant à l’œil son petit esclave qui la suit, fermant derrière eux la toile.
Le bain fumant a déjà réchauffé l’atmosphère. Les bras légèrement en croix elle donne le ton et la mesure au petit sans nom, toujours sans pipé mot.
Craintif de la bourde qu’il pourrait commettre, comme un cheveux coincé, un pincement de peau ou pire, toucher la peau de sa maîtresse du bouts de ses doigts même, il s’attele à la désarmer de son précieux et puissant aiguillon, dégrafer un à un les boutons de son corset, délacer délicatement chaque lanières et enfin ôter toujours sans aucun contact, la tenue si troublante de celle qui ne lui à jamais adressé une parole.
Avec un bout de peau finement tannée d’animal à poil drus elle se débarrasse du gros de la poussière, de la crasse et en profite pour purger doucement sa peau … Elle tend alors le gant au jeune garçon qui vient de finir de brosser délicatement sa tenue.
La gifle se fait entendre de l’extérieur du petit campement.
« Devrais je te prendre tes yeux pour que tu me serves correctement ? »
Incliné, la joue en feu il tente de se ressaisir et se retire au plus vite, sa tâche terminée, toujours incliné, face à la douce ; sa voix l’obsèdera encore toute la nuit … tout comme ses voluptés gracieuses …
Avec douceur et calme elle entre debout dans la grande cuve d’émail, s’assied et finalement s’allonge de tout son long. La chaleur la saisie hardament, lui provoque quelques frissons puis pénètre insidieusement sa peau, son corps. Ses mains courent sur tout son corps à la recherche de zones douloureuses, pour encore sentir les hématomes, les déchirures et autres petites plaies qui lui donnait ces quelques sensations si intimes.
Les douleurs restent vivaces mais cela ne la dérange pas le moins, l’huile fait son effet et adoucis déjà sa peau. Les yeux fermés elle se laisse aller à des rêveries qui la ramènent à quelques mois en arrière, au moment où elle avait croisé son chemin.
Il était entré dans sa vie comme on entre dans une auberge giranaise. Avec force de courtoisie il s’était présenté, mais cela n’avait pas suffit à lui faire oublié le sang séché et le vomis qui maculait sa blanche robe, l’homme avait néanmoins l’air propre.
Il lui dit qu’il n’avait que deux réels compagnons dans sa vie : perte et fracas, qu’il était maudit par Shillien et qu’il était dépendant de ses souffrances et de l’alcool de Stem.
Malgré tout cela, elle avait écouté la diarée verbale sans queue ni tête de l’homme qui se présentait sous le nom de Ashin Kaal.
« Tu es seule et cherche bonne compagnie, tu m’as écouté jusque là alors tu t’y plaira ! »
Avait il dit avant de se passer au travers de sa tignasse sèches et étrangement verte bouteille, une main aux phalanges manquantes.
« Mais Shillien m’attend, j’y retourne donc ! »
Qu’il avait conclu en partant subitement. Il avait laissé une étoffe intime féminine sur la table. Une flèche d’or était grossièrement brodée sur le devant …
[à suivre ] ^^